09/06/2012
Le début de l'histoire est sorti, plutôt vite, avec des
débordements et des emportements. Maintenant, je me retrouve avec
les pièces de mon puzzle, les éléments que j'ai posé sans savoir
ce que j'allais en faire par la suite.
14/06/2012
Très difficile de soutenir un rythme continu. Je trouve ça assez
épuisant. Écrire un roman, c'est traverser une mer souvent
tourmentée. On se prend de grosses vagues en pleine figure et on
change tout à coup de direction. Je découvre que la rédaction
donne lieu à bien des surprises, comme si l'histoire était déjà
écrite dans mon inconscient et que je la découvrais au fur et à
mesure.
Comment faire que l'histoire parle d'elle-même ?
J'ai le sentiment que tout ceci n'est pas assez resserré, emboîté,
conduit par une implacable logique, et pourtant c'est ce que je veux.
Il faut faire plus de transitions, amener les choses avec plus de
douceur. Mais ça n'est qu'un premier jet, dont certains passages
ont été écrits très vite, voire précipitamment. Rien
d'irrémédiable. Je pense que la vision d'ensemble va m'apparaître
plus claire au fur et à mesure que je m'enfonce dans l'histoire.
02/07/2012
Quelques fois tout semble tellement triste. Je me rappelle d'une
illustration qu'un ami avait fait de moi. Une petite fille qui
traînait un gros sac noir, comme une hotte de Père Noël. Il était
censé contenir toute la peine du monde, que mon personnage
recueillait pour écrire. Plus de dix ans après, je crois que dans
une certaine mesure, c'est toujours vrai.
04/07/2012
La logique implacable dont je parle naît des personnages. De leur
nature propre, et de leurs interactions. Tout doit être une
conséquence d'autre chose. Rien qui ne soit par hasard. Même
l'aléatoire est pris dans cette logique interne. Ce sont les
personnages qui déterminent l'histoire, et non l'inverse. Ils sont
ce qu'ils sont, et ce qu'ils sont est la raison pour laquelle ils
agissent de telle ou telle manière. Je dois bien les connaître pour
que leurs réactions s'inscrivent naturellement dans le fil de mon
récit, et aient un pouvoir sur le déroulement de ce récit.
05/07/2012
J'ai beaucoup de mal à m'intégrer dans l'instant présent, j'ai
toujours l'impression de raconter les choses de loin, et de façon
générale. C'est bien pour mettre en scène le cadre, pour faire des
ellipses... Mais tout le roman ne doit pas être comme cela. il doit
suivre les personnages, jour après jour, dans leur quotidienneté.
Dans l'ici et maintenant de leurs vies imaginaires... En somme, trop
de discours, encore.
08/07/2012
À travers ce roman, je voudrais avoir l'occasion d'exprimer tout ce
qui me fascine dans ce dix-neuvième siècle en pleine ébullition,
où le vieux monde achève de mourir, laissant un grand désarroi et
une foi aveugle en le progrès.
10/07/2012
Pour moi la fiction doit jaillir d'une pensée mûrement synthétisée,
c'est pourquoi elle n'est jamais facile. J'écris toujours avec des
idées abstraites, je crois que c'est dans la nature même de ma
façon d'écrire. Inutile de lutter contre, donc. Il me faut
simplement faire attention à écrire des histoires, et non des
traités de philosophie. Mon ambition est que l'histoire philosophe
d'elle-même, c'est cela l'obstacle que je dois réussir à
surmonter.
11/07/2012
Ce qui fait une histoire, ce n'est pas le nombre et la variété des
événements qui y entrent. Tout est dans les détails. Les échanges
de regards. J'y reviens, une fois de plus. Les silences.
L'idée, c'est aussi de plonger dans une atmosphère, dans la
peinture des états d'esprit, sans que le tout soit dénué de
suspense.
26/07/2012
Il y a quelque chose qui me bloque, mais je ne sais pas vraiment ce
que c'est. Quelque chose que l'alcool m'aide souvent à débloquer,
j'ai l'impression. M'aide à voyager, à libérer un flot sinon
obstrué. Du mal à m'immerger, à faire fonctionner la magie. je ne
sais pas trop quoi en penser. Je peux écrire sans la
transe, mais j'ai aussi besoin de la transe, qui m'aide à mieux
voir, en quelque sorte. Éternel problème, je sais qu'il n'est pas
que le mien. Je cherche mon chemin. Il faut y arriver de toute façon,
quelles que soient les circonstances extérieures. Cela, je le sais.
Et puis comment synthétiser toutes ces informations, quelles pistes
suivre, comment formaliser cet ensemble disparate ? Tout, encore une
fois, je le crois, doit m'être dicté par les personnages. C'est en
eux que réside la solution, ils peuvent me la fournir d'eux-mêmes.
27/07/2012
Allez, il faut faire avancer l'histoire, faire parler et agir les
personnages. Les mettre en scène, en conflit, les provoquer, les
éprouver.
01/08/2012
J'ai peut-être bien le désir secret de soulever les foules. Je ne
pense pas y arriver avec ce roman, et même y arriver tout court.
Mais il faut que ce soit, absolument, le mieux que je puisse faire.
Avoir de l'ambition. Risquer. Se jeter à l'eau. Faire tomber les
masques, et avec eux, les métaphores.
Maintenant, j'ai des bases. Il faut que je travaille à faire monter
le paroxysme autour des enjeux esquissés hier dans la partie "plan".
Il faut faire monter la tension, nouer serrés les fils. S'acharner
sur mes personnages.
Je n'ai pas de limite de temps. L'aventure intérieure n'a pas de
limite théorique.
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